Un beau jour, l’arbre est considéré comme mature. En tout cas, il est exploitable pour l’industrie. Alors on le marque et puis on le coupe. À la tronçonneuse ou l’abatteuse, c’est selon. Et puis il devient de la biomasse, des palettes, des panneaux, des pellets, des cagettes, de la pâte papier pour imprimer des promotions. Avec
Arbres, Jean-Benoit Ugeux nous entraîne dans une réflexion vertigineuse sur la vanité des vies humaines, leur caractère résolument éphémère, si infime à l’échelle du temps de la nature. Le film a remporté le Bayard d’or du Meilleur court métrage à l’automne dernier à Namur. Jean-Benoit Ugeux, produit par Apoptose et Dérives, était déjà en lice dans cette catégorie l’année dernière avec
Belgium-20.
« Cinquante ans en arrière, je me replonge dans le passé qui me transporte dans ce paradis perdu, où cinq années durant j’ai vécu le bonheur absolu. » À travers de vieilles photos, des paroles et des dessins, Manon Saysouk invite sa grand-mère française et son père à replonger dans le Laos des années 70. Avec toutes ces bribes de souvenirs, elle tente de comprendre qui est son grand-père Singkéo, questionnant les notions de racines, d’attachement et de déchirement familial.
Dernier voyage au Laos est un film personnel et intime, quête des origines, et exploration du déracinement, produit par Les A.P.A.C.H., Ateliers de Productions Audiovisuelles Coopératifs de la HELB.
Un cinéaste évoque la perte du visage de ceux qu'on aime et le rituel des masques comme passeurs vers l’au-delà. Ce cinéaste, c’est Olivier Smolders, qui trace depuis plusieurs années un sillon poétique mêlant amour et mort, une poésie brute, parfois macabre, que l’on retrouve ici à l’œuvre dans
Masques, exploration des rites mortuaires, des visages perdus qui hantent nos esprits et nos rêves, ceux de nos proches disparus, ceux de nos démons, ceux des damnés. L’auteur attribue des qualificatifs à ses films, tour à tour chimérique, solitaire, immobile, anonyme. Celui-ci est catastrophe. Il s’agit de la deuxième nomination aux Magritte du Cinéma pour OIivier Smolders et sa société de production Le Scarabée asbl, après celle de
La part de l’ombre en 2015.
Dans la même nuit, issus d’un même village tunisien, neuf gamins tentent la traversée meurtrière. Tel un poème ou une prière, le film accueille la parole des mères endeuillées et donne de la dignité à leur chagrin. Dans
On la nomme la brûlure, Bénédicte Liénard et Mary Jimenez enchâssent ces déchirantes complaintes dans une autre psalmodie, celle de la médecin légiste qui, jour et nuit, recueille les corps des âmes perdues de la Méditerranée, rassemble les éléments permettant de leur restituer leur identité, et rendant possible le processus de deuil. Les deux cinéastes sont donc à nouveau en compétition aux Magritte du Cinéma après la nomination de
By the Name of Tania en 2020 dans la catégorie Meilleur documentaire. Comme
Arbres,
On la nomme la brûlure est produit par Dérives.