Un vent nouveau souffle sur les Magritte du Cinéma. Après le sacre de deux premiers longs métrages l’année dernière (
Une vie démente d’Ann Sirot et Raphaël Balboni et
Un monde de Laura Wandel), ce sont à nouveau de jeunes cinéastes révélés à Cannes qui s’imposent en recueillant un maximum de nominations. Bien sûr, la liste fait aussi la part belle aux valeurs sûres présentes depuis la création des Magritte du Cinéma, comme en témoigne la belle présence de Bouli Lanners et
Nobody Has to Know (7 nominations),
Animals de Nabil Ben Yadir (6) et
Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne (5). Sans compter qu’un autre premier long métrage, réalisé par un cinéaste jusqu’ici aguerri au documentaire tire lui aussi son épingle du jeu, puisque
La Ruche de Christophe Hermans réunit 5 nominations.
Mais retour sur
Rien à foutre, sélectionné à la Semaine de la Critique de Cannes, et sorti l’année dernière en Belgique. Le film est sur les rangs pour les Magritte du Meilleur film et du Meilleur premier film.
Emmanuel Marre et Julie Lecoustre sont quant à eux nominés pour la Meilleure réalisation et le Meilleur scénario. Ce n’est pas la première apparition d’Emmanuel Marre aux Magritte du Cinéma, puisqu’il fut nominé en 2018 et en 2019 dans la catégorie Meilleur court métrage avec
Le Film de l’été, puis
D’un château l’autre.
Le film se distingue aussi par sa direction artistique précise et inventive. Tourné avec peu de moyens, souvent sur le vif, et en décors naturels, il bénéficie de tout le talent de sa chef décoratrice Anna Falguères (à nouveau citée pour les Meilleurs décors après
Les Intranquilles l’année dernière), de Prunelle Rulens, en lice pour les Meilleurs Costumes, et du chef opérateur Olivier Boonjing, déjà primé en 2017 pour
Parasol de Valéry Rosier. La jeune comédienne belge Mara Taquin est quant à elle dans la course pour le Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle, tandis que le monteur Nicolas Rumpl, primé l’année dernière pour
Un monde de Laura Wandel, remettra son titre en jeu.
Rien à foutre est produit par Benoît Roland pour Wrong Men, dont c’est la quatrième nomination dans la catégorie Meilleur film, où Benoît Roland est d’ailleurs également cité cette année sous sa casquette 10.80 films pour
Animals de Nabil Ben Yadir !
L’autre grande performance avec pas moins de 10 nominations est celle de
Close de Lukas Dhont, Grand Prix au Festival de Cannes, en lice pour l’Oscar du Meilleur film étranger, et tout juste récompensé de six trophées aux Ensors. Si
Close ne peut techniquement pas être en lice pour les prix du Meilleur film ou de la Meilleure réalisation, il concourt néanmoins pour ceux du Meilleur film flamand, et du Meilleur scénario, deux prix déjà remportés par le jeune auteur flamand pour
Girl en 2019 - qui totalisait déjà 9 nominations ! Le film est notamment porté par son magnifique casting, dont se retrouvent en lice Emilie Dequenne (Meilleure actrice dans un second rôle), Igor Van Dessel (Meilleur acteur dans un second rôle), ainsi que Gustav De Waele et Eden Dambrine (Meilleur espoir masculin).
Là aussi, la direction artistique du film a été particulièrement appréciée par les votants de l’Académie André Delvaux, qui ont salué les prestations d’Eve Martin pour les Meilleurs décors, de Manu Verschueren pour les Meilleurs Costumes, de Frank van den Eeden pour la Meilleure image et d’Alain Dessauvage pour le Meilleur montage.
On notera que
Close est coproduit par Versus production, qui est également nominé dans la catégorie Meilleur film étranger en coproduction pour
La Nuit du 12 de Dominik Moll, et Meilleur film pour
Nobody Has to Know, 11e nomination dans cette catégorie que la société liégeoise a déjà remportée à quatre reprises pour
Les Géants (2013) et
Les Premiers les derniers (2017) de Bouli Lanners,
A perdre la raison (2013) de Joachim Lafosse et
Duelles (2020) d’Olivier Masset-Depasse.
Bouli Lanners justement, et son dernier film, l’escapade écossaise
Nobody Has to Know, récoltent 7 nominations cette année, s’inscrivant ainsi dans les traces des
Géants et des
Premiers les derniers, multi-lauréats en leur temps. Ils concourent donc dans les catégories Meilleur film et Meilleure réalisation, toutes deux remportées par le cinéaste en 2013 et 2017, mais aussi Meilleur scénario, Meilleur montage, Meilleur son, ainsi que Meilleurs décors et Meilleurs costumes, deux statuettes déjà remportées en 2017 par Elise Ancion et Paul Rouschop pour le précédent film de Bouli Lanners.
Autre habitué des Magritte du Cinéma,
Nabil Ben Yadir et son nouveau film
Animals seront en lice dans 6 catégories, dont Meilleur film et Meilleure réalisation (catégories pour lesquelles Nabil Ben Yadir était déjà nominé pour
Les Barons, La Marche et
Dode Hoek), mais aussi Meilleur scénario et Meilleur son. Le film est lui aussi transcendé par ses interprètes, notamment Soufiane Chilah, Meilleur espoir masculin en 2018 pour
Dode Hoek, sélectionné pour le prix du Meilleur acteur, et Gianni Guettaf, nominé pour le prix du Meilleur espoir masculin.
Derniers habitués de la Cérémonie,
Jean-Pierre et Luc Dardenne défendront
Tori et Lokita, pour lequel ils obtiennent une quatrième nomination dans les catégories Meilleur film et Meilleure réalisation (remportées en 2015 pour
Deux jours une nuit). Là aussi, la force de l’interprétation se retrouve à travers les nominations dans les catégories Meilleur espoir féminin et masculin pour Joely Mbundu et Pablo Schils, ainsi que Meilleur acteur dans un second rôle pour Tijmen Govaerts.
On le disait en introduction, un sixième film tire son épingle du jeu avec 5 nominations, il s’agit de
La Ruche, premier long métrage de
Christophe Hermans. Il est sur les rangs dans les catégories Meilleur film, Meilleur premier film, et Meilleure musique originale, et voit lui aussi son casting distingué, puisque ses deux jeunes comédiennes, Sophie Breyer et Mara Taquin, seront face-à-face dans la catégorie Meilleur espoir féminin.
Côté interprétation justement, on retrouvera dans la course pour la Meilleure actrice deux actrices déjà lauréates, l’incontournable
Virginie Efira, primée en 2017 pour
Victoria, et sur les rangs l’année dernière pour
Adieu les cons, qui brillait cette année notamment dans le bouleversant
Revoir Paris d’Alice Winocour. Sera également dans la course
Lubna Azabal, elle aussi nominée l’année dernière (pour
Adam), et couronnée en 2012 pour
Incendies, et en 2019 pour
Tueurs, et qui concourt cette année pour
Rebel d’Adil El Arbi et Bilall Fallh (qui compte d’ailleurs 4 nominations). Face à elle, deux actrices elles aussi déjà passées par les Magritte du Cinéma:
Babetida Sadjo, qui est en lice cette année comme Meilleure actrice pour sa performance dans
Juwaa de Nganji Mutiri, après avoir concouru en 2016 dans la catégorie Meilleur second rôle pour
Wasteland; et
Lucie Debay, déjà lauréate dans les catégories Meilleur espoir (pour
Mélody) et Meilleur second rôle féminin (pour
Nos batailles), qui concourt cette année pour
Lucie perd son cheval de Claude Schmitz.
Chez les hommes, trois comédiens multi-nominés et primés seront en compétition dans la catégorie Meilleur acteur :
Benoît Poelvoorde pour
Inexorable de Fabrice du Welz,
Jérémie Renier pour
L’Ennemi de Stephan Streker, et
Bouli Lanners pour
La Nuit du 12 de Dominik Moll. Dans les starting-blocks, à leurs côtés, on trouve deux jeunes comédiens déjà remarqués aux Magritte du Cinéma :
Soufiane Chilah, Meilleur espoir masculin en 2018 pour
Dode Hoek de Nabil Ben Yadir sera cette année dans la course pour
Animals;
Aboubakr Bensaihi, nominé dans la catégorie Meilleur acteur en 2017 pour
Black retrouve Adil El Arbi et Bilall Fallah pour
Rebel, qui lui vaut une nouvelle nomination.
La totalité des nominations est à retrouver
ici.